- HOMINES INTELLIGENTIAE
- HOMINES INTELLIGENTIAEHOMINES INTELLIGENTIAEEn 1411, le procès de Willem Van Hildernissem révèle la présence, dans le Brabant et la Picardie, de partisans du Libre-Esprit, dont le principal responsable aurait été Gilles de Canter. Le nom du groupe se réfère au «troisième âge» annoncé par Joachim de Flore. Sa pratique semble fonder sur l’initiation amoureuse la réalisation de Dieu en chacun.Près d’un siècle après Bloemardinne, dont ils perpétuent l’enseignement, les Hommes de l’Intelligence comptent de nombreux partisans parmi les notables (la tour où ils se réunissent appartient à un échevin) et parmi le peuple de Bruxelles. Pour mener le procès à charge du carmélite Willem Van Hildernissem, Pierre d’Ailly, archevêque de Cambrai, désigne Henri de Selles ou Herenthaels, attaché à l’abbaye de Groenendael, où a vécu Ruysbroeck, l’ennemi de Bloemardinne. L’enquête a lieu dans l’agitation. L’inquisiteur échappe de peu à un attentat. Willem abjure et attribue les articles soumis à rétractation à Gilles de Canter (Aegidius Cantor), un laïque sexagénaire, récemment décédé, et vraisemblablement issu du milieu patricien. La prudence de l’accusateur et de l’accusé explique la légèreté de la peine infligée: trois ans de prison et la réclusion dans un monastère.Outre le refus des prières et des sacrements, le rejet de l’autorité ecclésiastique, Gilles de Canter prône un retour à l’innocence édénique. L’organisation du groupe laisse supposer une initiation où l’acte amoureux, dépouillé de culpabilité, est rendu à la liberté de nature, «à l’égal du boire et du manger». Au stade supérieur, l’affinement de l’amour identifie chacun à la part divine qu’il porte en soi. Leur langage, apparemment dévotieux, est à double sens: comme la charité pour les bégards, le «plaisir paradisiaque» ou «ascension» désigne ici la jouissance amoureuse.
Encyclopédie Universelle. 2012.